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L’enseignement : une affaire d’État

Editorial La Presse

On juge le bilan des hommes politiques sur leurs réformes. Depuis quelques décennies, tous les hommes politiques qui se succèdent veulent réformer l’enseignement. Mais aucun n’a réussi. Voici pourquoi et voici comment, en quelques lignes.

Si l’enseignement public avait été une entreprise, elle aurait fait faillite depuis longtemps. Le produit est mauvais et en tous les cas, les clients ne sont pas satisfaits. Ils ne découvrent la mauvaise qualité de la marchandise que plusieurs années plus tard, lorsque les enfants ont grandi. C’est pourquoi on se tourne vers le privé et/ou les cours de soutien.

Pour mesurer la performance de l’enseignement, les méthodes sont connues : évaluer les apprentissages par des tests. L’Ocde, par exemple, réalise des tests transversaux dans plusieurs pays, les tests Pisa et Timss, permettant d’évaluer dans quelle mesure les enseignements ont atteint leurs objectifs en matière d’apprentissage.

En 2002, l’Allemagne avait découvert avec effarement les résultats des tests Pisa qui classaient ce pays au milieu du peloton. Il y a eu ce que les Allemands appellent un «Pisa-Shock». Ce choc, ils en ont fait un facteur de mobilisation pour rendre l’école allemande plus performante. En Tunisie, nous avons décidé de sortir de ces enquêtes internationales. Cela s’appelle la politique de l’autruche.

La Tunisie doit penser à réformer sérieusement son école, car l’école actuelle est facteur de stagnation et renforce les inégalités. C’est comme s’il y avait deux populations vivant dans un monde parallèle: une population qui dépend des prestations publiques médiocres ou en baisse (transports, éducation, santé). Et une population qui s’adresse au privé pour les mêmes prestations (enseignement privé, cliniques, voitures particulières).

Le pays doit réintégrer d’urgence les enquêtes internationales Pisa et Timss. Il doit parallèlement effectuer chaque année sa propre enquête, par un organisme indépendant, et dont les résultats doivent être publiés rapidement. Ces enquêtes doivent servir à évaluer le système, mais également les enseignants. L’enseignement doit attirer les meilleurs profils, les meilleurs bacheliers. Et pour cela, le métier doit être valorisé à tous points de vue: salaires, image sociale… Mais en contrepartie, les performances de chaque enseignant doivent être mesurées, à travers l’évaluation indépendante des apprentissages de ses classes.

L’évaluation des apprentissages, la sélection des enseignants, leur formation, leur évaluation sont les voies incontournables pour un renouveau de l’enseignement.

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